Les temps sont paradoxaux : d’un côté il y a de plus en plus de végétariens ou végétaliens et de l’autre on fait de la viande la star de nos assiettes ! Nos parents achetaient « du bœuf », nous hésitons entre l’Angus ou la Coutancie, adorons la Gallice et savons que le Wagyu est la viande la plus raffinée parce que les vaches de Kobé se font masser en buvant de la bière et en écoutant Mozart ! Nous avons tous entendu parler de la viande maturée… Bon, d’accord,
j’exagère peut-être un peu. Tout le monde ne sait pas tout ça, mais nous sommes de plus en plus nombreux. Comme les restaurants dédiés à la viande : que ce soit des spécialistes du Burger ou du Carpaccio, les restaurants de boucher ont le vent en poupe – pour mon plus grand plaisir !

Grande carnivore que je suis (même si j’évite de manger de la viande tous les jours parce que je veux réduire mon empreinte sur la planète) je ne pouvais pas ne pas connaître le Diable Bleu ! C’est un ami avec qui je partage l’intérêt pour le whisky et le cigare qui m’en a parlé le premier. Il m’a raconté qu’il y allait régulièrement avec ses copains et qu’ils se font un menu viande, puis viande et viande en dessert.

Le lieu est plutôt bien placé, quartier de la Krutenau, sur le Quai des Pêcheurs – pas évident de se garer gratuitement, mais le parking des Bateliers n’est pas très loin. Le local est lumineux, décoré sobrement mais avec goût. J’apprécie qu’il n’aient pas trop poussé la touche « boucherie », la caricature aurait été lourde. Même si on peut faire ses courses ici : on peut acheter juste la v
iande et aller cuisiner chez soi.
La première question qu’o
n vous posera, une fois installé, sera « Connaissez-vous la maison ? » Et si c’est votre première visite on vous donnera des explications bien utiles. On vous apprendra, entre autres, que tout est fait maison.
La plupart des plats sont servis avec des frites (maison!) et des « légumes du moment » – petit bémol à ce stade de mon descriptif. Quand on me sert une poêlée d’aubergines, courgettes et poivrons en plein Février, comment appeler ça « du moment ». J’ai trouvé ça bien dommage puisque je trouve que les légumes sympas ne manquent pas en hiver. Pourquoi pas une poêlée de choux divers et variés ? Des navets, courges, panais, carottes, céleris, poireaux, et j’en passe ? Je trouve que c’est important et à la portée de tous de manger local. Par ailleurs, je dois avouer qu’indépendamment du choix des légumes, cette poêlée était assez décevante. Légumes trop cuits, assaisonnement raté, ordinaire mais trop acide à la fois…

Par contre, en matière de viande, quel régal ! On a le choix entre une carte fixe avec notamment des burgers délicieux, et une ardoise selon l’arrivage de viande. Vous choisirez la variété – Angus, Coutancie, Gallice,… – le morceau – filet, faux-filet, entrecôte,… – et la quantité – 200g, 300g, 400g, etc. L’embarras du choix vous guette – tout à l’air tentant. Après, c’est une histoire de goût. Certaines viandes sont tellement goûteuses que vous ne toucherez pas à la sauce qui les accompagnes, hormis pour y tremper une frite. Pour les grands gourmands, les vrais alsaciens qui veulent faire honneur à leur réputation de grands mangeurs, vous pouvez essayer le 666 – un burger dont le nom vient du grammage de viande qu’il contient ! Un truc gigantesque, qui débordera de votre assiette.

Je dois aussi souligner la réussite des entrées. J’ai goûté, au Diable Bleu, un sublime Presskopf (fromage de tête pour les non-autochtones) de sanglier d’Alsace, très équilibré et servi copieusement. Cela dit, je craque régulièrement pour le fémur gratiné au parmesan à manger à la petite cuillère – tout le monde n’aime pas la moelle mais si vous êtes amateurs, vous ne pouvez pas rater ça, surtout que ça ne vous coûtera que 5€ !

Une belle carte des vins, des sorbets et desserts maison et un très bon café viennent compléter l’expérience. Alors amis carnivores, si vous passez par Strasbourg, n’oubliez pas d’y faire un tour !

